Le marché du travail français se normalise-t-il avec la hausse des emplois vacants et la réduction du halo du chômage ?

Une étude récente de la plateforme Indeed soulève des questions quant à la normalisation du marché du travail en France. Entre une augmentation du taux d’emplois vacants et une réduction du halo du chômage, la situation peut sembler paradoxale. On note une diminution de la dynamique de l’emploi, qui pourrait signifier un retour à une certaine normalité, voire un renversement de la tendance. Décryptons ensemble ces indices et essayons de comprendre ce qu’ils révèlent sur l’état du marché du travail en France.

Moins de créations de postes voire des destructions

Avant de se plonger dans le vif du sujet, nous devons comprendre ce qu’est le taux d’emplois vacants. Ce taux, établi par la Dares (Direction de l’animation de la recherche, des études et des statistiques), avait bondi depuis 2021, mais a commencé à redescendre fin 2023 pour rejoindre sa tendance d’avant la pandémie, entamée lors de l’inversion de la courbe du chômage en 2015.

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Selon l’étude d’Indeed, cette baisse du taux d’emplois vacants est due à des contraintes de demande, résultant du ralentissement de l’activité économique. Les difficultés de recrutement rencontrées par les entreprises depuis la fin des confinements liés à la pandémie vont donc s’amenuiser. Le marché semble ainsi se normaliser, avec un ralentissement du rythme de créations d’emplois.

Dans certains secteurs comme l’intérim et la construction, on observe même des destructions d’emplois. Une contraction prolongée de l’activité pourrait se traduire par une destruction plus importante d’emplois existants. Cela casse la dynamique de baisse du taux de chômage observée depuis le début de l’année 2021.

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Plus de population active et un marché de l’emploi qui ne grossit plus

Le "halo autour du chômage" est un autre facteur à prendre en compte. Ce terme désigne les personnes qui souhaitent travailler sans être disponibles ou sans effectuer des recherches actives. Elles ne sont donc pas comptabilisées dans les chiffres du chômage.

Selon Indeed, ce halo autour du chômage n’a pas baissé depuis la pandémie. Il représentait, par exemple, 3,5% des 15-64 ans au deuxième trimestre 2008, contre 4,7% des 15-64 ans aujourd’hui. Cela représente environ 2 millions de personnes dans ce cas.

Par ailleurs, la population active pourrait augmenter en raison du report de l’âge de la retraite à 64 ans. Cette population active pourrait ainsi grossir de 100.000 à 125.000 personnes par an entre 2024 et 2029. Dans le contexte d’une diminution des créations d’emplois, cela pourrait rendre la conjoncture moins favorable aux chercheurs d’emploi.

Un taux de chômage à 5% d’ici 2027 : un objectif réaliste ?

Rappelons que le gouvernement français a fixé l’objectif d’un taux de chômage à 5% d’ici 2027, soit le plein emploi. Cet objectif serait atteint par un accompagnement renforcé des personnes les plus éloignées de l’emploi, en améliorant l’emploi des seniors et en durcissant les conditions d’indemnisation du chômage.

Cependant, au vu de l’augmentation de la population active et de la réduction des créations d’emplois, nous pourrions nous demander si cet objectif est réaliste.

En conclusion, la normalisation du marché du travail en France ne semble pas encore acquise. Les défis à relever concernent tant le taux d’emplois vacants que le halo du chômage et la population active en hausse. Il est donc nécessaire de continuer à surveiller ces indicateurs pour comprendre l’évolution du marché du travail français. Néanmoins, malgré ces difficultés, le gouvernement reste optimiste et s’engage à atteindre le plein emploi d’ici 2027. Reste à voir si cette ambition pourra être concrétisée dans les faits.

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